« Baume admirable pour effort de jarret »

« Au mois de Mai et de Juin mettez dans une fiole capable de contenir deux pintes, le plus que vous pourrez de feuilles de roses, et dans une aussi grande, la même quantité de fleurs d’hipericum ou mille-pertuis, et par-dessus trois demi-septiers d’huile d’olive dans chaque fiole, exposez le tout au soleil, légèrement bouché pendant les grandes chaleurs, et outre ces deux fioles dans un pot de grais capable de contenir trois chopines, mettez la mente à côte rouge, nommée baume, herbe à la reyne ou petun, du romarin feüilles et fleurs, orpin qui est une espèce de joubarbe, mille feüilles, autant de l’un que de l’autre coupé menu, et une pinte d’huile d’olive, bouchez le pot avec vessie de porc ou parchemin moüillé en trois ou quatre doubles, troüez ou percez le parchemin avec une épingle, et l’exposez au soleil dans les grandes chaleurs, remuant tous les deux jours les herbes et les fleurs, et cela pendant un mois, après quoi vous verserez le tout dans une bassine, à savoir ce qui est dans le pot et dans les deux fioles, avec une pinte de gros vin, une livre de graisse de cheval, demi-livre de graisse de tesson si vous en pouvez avoir, au défaut, de la graisse de chapon ou de poule, non de celle qu’on ramasse dans la lèchefrite en rôtissant, mais de celle qu’on a séparé des boyaux avant que d’être cuite, et une livre de sucre, avec quatre poignées de fleurs de camomille et de melilot, faites cuire le tout à feu clair, remuant sans cesse jusqu’à ce que toute l’humidité soit consommée et que les herbes et les fleurs soient sèches : lors passez au travers l’étamine de crin, jettez le marc, remettez la liqueur passée dans la bassine, et ajoutez deux livres de therebentine de Venise, faites cuire à tout petit feu, jusqu’à ce que le baume soit fait, c’est-à-dire toutes choses bien mêlées, et gardez le baume dans une fiole légèrement bouchée. »